Psychologiquement parlant, la stase avait faite des ravages sur son corps. Lui qui était habitué à tout faire dans l'excès -qu'il s'agisse d'entrainement, de nourriture ou bien de repos- se retrouvait à chaque fois salement amoché par de douleureux réveils. Son corps avait beau être parfaitement maintenu par des machines tout au long du trajet, son cerveau, lui, réagissait comme celui d'un adicte déprivé. Heureusement, il eut la moitié de la journée afin de bien se réveiller et de défouler toute la frustration qui avait été causée par ses mots de têtes. Il était maintenant d'attaque pour cette première expédition en territoire inconnu.

Comme à son habitude, il entamait ses préparations en revêtant sa combinaison spaciale à laquelle il attachait son holster au niveau de la hanche droite avant d'habiller ses paumes avec une paire de gants bioniques qui s'empillait parfaitement pardessus du tissus de la combinaison. La touche finale revenait à ses deux lames blanches qui s'enfourraient avec aisance dans les tréfonds de ses pochettes exterieures.

Il n'était pas du genre à prendre une seconde de plus que nécessaire durant ses préparations. Le pas lourd, mais rapide, il se pressa en direction du niveau le plus bas du vaisseau afin d'y attendre le reste de l'équipe d'exploration.

Au bout de cette attente, Alex s'avanca confidemment en direction du centre de l'assemblé générale ayant dans l'idée d'attirer leur attention sur la crise du moment. Une décision allait devoir être prise. Le militaire envisageait déjà plusieurs approches différentes qu'ils pouvaient poursuivre. Elles possédaient toutes des avantages ainsi que des inconvéniants distincts. Son unique but durant cette discussion était de mettre tout le monde d'accord sur la marche à suivre quelle qu'elle soit. Pour ce faire, il allait devoir entamer le débat en avançant sa propre suggestion.

- Comme ça a été expliqué plus tôt, nous allons devoir placer des balises CCS dans trois différentes positions AVANT la tombée de la nuit afin de déterminer la distance entre nous et la colonie N-101 au plus vite. Pour ce faire, nous pouvons commencer par placer la première balise à notre position actuelle, juste en dehors du Diasosi. Ensuite, je suggère que tout le monde embarque le Forea en direction du côté est, là où nous pouvons observer les points environnants les plus élevés. Le Forea devrait pouvoir nous mener jusqu'au pied de ces haut-reliefs en 5 à 10 minutes de trajet. On fera la montée à pied. Dans l'idéal, nous nous sépareront en deux groupes, pour couvrir chacun un sommet différent et y placer les deux dernières balises.

Les bras sur les hanches, le militaires zyeutait autour de lui continuellement avant d'ancrer son attention sur le pilote ainsi que son fidèle drône. Son plan reposait sur la coopération de ces deux-là après tout.

Armes:
- Gants Bioniques, couteau de chasse, lame énergétique rétractable et pistolet à plasma.

Actions:
- Observer l'équipage pour voir s'il reconnaît l'un des NPCs.
- Jet de persuasion pour convaincre les autres qu'il faut aller vers la zone élevée à l'est.

Rien n’aurait pu le préparer à un réveil de cryostase. Il avait l’impression d’avoir la gueule de bois. Sa bouche était si sèche qu’il avait l’impression qu’elle était remplie de cendres. Alors que tout le monde s’agitait autour de lui, il sortit tant bien que mal du cercueil (euh pardon caisson de cryostase) et tituba entre les silhouettes mouvantes. Bon sang qu’il avait froid. Et qu’est-ce qu’ils foutaient à s’agiter dans tous les sens ? C’était pas possible d’avoir une énergie pareille, putain !

- Gnnnn… ?

Il se rinça la bouche, se tapota les joues et sauta dans sa combinaison protectrice. Quelques secondes plus tard, un soupir de contentement lui échappa. Oh, merveilleuse de technologie capable de réguler la température ! Il sentait une douce chaleur le délasser et se réveilla petit à petit.

Bien sûr qu’il rejoignit l’équipe en charge de reconnaissance. Il avait besoin de se dégourdir les pattes et surtout, il avait drôlement envie de voir à quoi ça ressemblait à l’extérieur. Aussi, il suivit les autres après avoir pris soin de finir de s’équiper. Combinaison et casque ? Check. Neurocom ? OK ! Lunettes tactiques ? Yep, ahah, elles étaient rigolotes ! Il s’amusa à vérifier la température corporelle de tout le monde, testant les différents modes sur les beaux garçons pour voir s’il n’allait pas découvrir un mode qui lui permettrait de matter sous leur combi. Armes ? Le couteau de chasse était bien rangé dans sa protection. Et le pistolet à plasma le fit frissonner. Pourvu qu’il n’ait pas à s’en servir… Enfin, il enfila son PID, outil indispensable pour lui.

Il suivit le mouvement vers le bas du vaisseau avec un temps de retard et se glissa entre deux géants, bien décidé à ne pas les laisser trop s’éloigner de lui. Il était un biologiste, après tout, et connaissait parfaitement le principe de sélection naturelle. Alors bon, quand on est clairement un herbivore, on ferme sa gueule, on écoute le grand monsieur à sa droite qui était en train de proposer un plan et on hoche la tête en lui collant aux fesses. Avec un peu de chance, il pourrait bénéficier de sa protection le temps de faire ses relevés de données. D’ailleurs, il leva le doigt, comme un enfant à l’école primaire, et le regretta immédiatement. Tous les regards venaient de se tourner vers lui. Rouge pivoine, il lâcha à toute vitesse, bouffant quelques syllabes comme à son habitude :

- On d’vrait aussi en profiter pour analyser l’air. Non parc’que la combi est bien mignonne, mais on n’a p’têtre pas b’soin de s’emmerder avec l’casque !? J'peux m'en occuper s'vous voulez !

Spoiler:

Si on avait pu représenter le vent qu’il venait de se prendre, ça aurait été l’équivalent du Mistral, violent, chaud, du genre à emporter les gabians d’un coup. Clément rougit de plus belle. On venait de lui lancer de drôles de regards et de l’ignorer. Visiblement, il n’avait pas la même prestance du Ken à ses côtés. Une expression boudeuse nimba ses traits, ses joues se gonflant d’exaspération. OK, il ne faisait pas 2 mètres et 90 kilos, mais il avait tout de même dit quelque chose de plutôt cohérent, non ? Parce que bon… Ce serait complètement con d’épuiser toutes les réserves d’oxygène pour rien et il fallait bien étudier un peu ce qui les entourait avant de se lancer à l’aveuglette !

Soudain, il entendit son nom et sursauta. Ah, c’était le chef ! Tout pressé, Clément cavala vers son chef d’équipe avec un sourire penaud. Le premier pas qu’il posa sur la terre fut normal. Enfin, il ne distingua aucune différence particulière avec la Terre. Néanmoins, ses bras semblaient plus légers. Il avait une drôle d’impression : le bas et le haut de son corps ne semblaient pas être tout à fait d’accord quant à la gravité sur cette planète. Clément en conclut bien rapidement que ses bottes devaient sacrément l’aider. Non parce qu’il se serait viandé en beauté sinon… Vous imaginez le bordel ? Se ridiculiser devant la foule avant de s’exploser devant son chef ? Arg ! Merci, les bottes !

Il s’approcha du chef et s’exclama :

- Oui, Monsieur ! Chef ! Monsieur le chef ?

Il avait eu beau passer un an avec les casques bleus et avoir des notions quant aux relations au sein de l’armée, son chef restait tout de même un scientifique et c’était vraiment bizarre de l’appeler autrement que par son petit nom. Enfin… Son nom de famille, quoi. D’ailleurs, on en parlait de cette manière d’appeler les gens par leur nom de famille ? Bonjour le bordel s’il y avait une fratrie. Non, franchement, ils étaient vraiment bizarres ces ricains.

Ohlala, il était complètement en train de se déconcentrer, en train de matter bêtement son responsable d’équipe pianoter sur son P.I.D. Il se rendit compte, en se penchant vers le quarantenaire, que les premiers résultats étaient peu concluants. Bizarre. Par curiosité plutôt que par esprit de défiance, il essaya à son tour de tester la qualité de l’air. Peut-être que c’était un problème informatique. Ou peut-être que l’équipement n’était pas tout à fait à jour ? Dans tous les cas, il n’espérait pas trop parce que pour le coup, il était un vrai boulet en chimie. Le tableau périodique, tout ça tout ça, c’était rentré très difficilement dans sa tête et bref… ça risquait d’être plutôt compliqué cette histoire. Bien évidemment, la machine ne montra aucun résultat concluant et la petite voix de Clément bougonna :

- Euh… Quelqu’un s’y connaîtrait en P.I.D. ? Non parc’que j’crois qu’le machin est cassé, hein !

Merde, à la fin, ça faisait chier ! Il était sûr que c’était le matos qui était déjà bousillé. Stupides trucs hyper-technologiques et impossibles à utiliser…

Spoiler:

Un mouton, deux moutons trois mou... ton.
Gaël se réveilla avec l'impression de n'avoir eu qu'à compter jusqu'à 3.

Son premier réflexe fut de se masser le visage et d'étirer un à un tous ses muscles. Il tendit le bras, ayant pour habitude d'avoir sa tasse de thé dès son réveil. Mais là... rien. D'un coup, il se redressa. Mais OUI ! Il était dorénavant en mission.
M.I.S.S.O.N. Ce mot, cette pensée l'emplit d'excitation et il se leva avec enthousiasme, passant rapidement la moitié de sa combinaison, laissant le haut ouvert. Même si un repas était à disposition, Gaël était bien trop impatient pour manger.

Approchant les autres membres d'équipage, il écouta d'une oreille attentive les instructions. En tant que scientifique, il espérait pouvoir rester bien au chaud ici et coordonner les communications, réceptionner les données, enregistrer le tout dans les I.A et avoir un plan de secours en cas de problème sur la planète.
Et puis, poser des balises, ça ne demandes pas 30 paires de bras non plus. Autant rester efficace.

En parlant d'efficacité, Gaël esquissa un sourire amusé tandis qu'il écoutait les autres se questionner sur l'atmosphère. Ah, qu'ils étaient si "humains".
Gaël s'approcha de Delta, sourit et murmura à son intention

- Delta, que peux tu me dire sur l'atmosphère de la planète et les potentiels dangers là où nous sommes et en général sur cette planète ?

Il tapota également son bracelet pour réveiller A.D.A.M (assistant dématérialisé amicale et médicale) qui avait, comme un flemmard, décidé de faire la grasse matinée semblait-il. Il fallait qu'il se mette un peu au travail lui aussi. Après tout, il avait beaucoup à apprendre de cette mission !

Spoiler:

Les scientifiques étaient en quête perpetuel de réponses. Alex fit un point de ne pas interférer quand il était question d'analyser l'air. La réponse lui importait bien peu à l'instant actuel. Que ce dernier soit sûr ou risqué, il comptait bien garder son casque bien installé sur sa tête pendant toute la durée de cette première expédition. Il n'avait aucunement envie de prendre de risque inutile. L'oxygène était une ressource facilement synthétisable au sein du vaisseau mère. De ce fait, il n'avait pas à se soucier de son usage excessif. Une protection de plus pouvait faire toute la différence entre une mission concluse sans accros et un échec cuisant.

Il ne comptait pas pour autant partager son fil de pensée avec le reste du groupe. Il savait très bien que certaines têtes pensantes avaient tendance à être très pointilleuses quand à l'importance de leurs "projets" scientifiques. Ainsi, il décida de les laisser occuper leurs mains comme ils le pouvaient, alors que lui restait aux aguets, à quelques pas du pilote qui allait les guider au cours de cette mission.

Le militaire hocha simplement de la tête quand certains membres de l'équipage agréèrent à son plan. Il s'attendait à ce qu'un scientifique ou deux l'interloquent dans le but de le dérouter de son plan, mais apparamment, la nature conflictueuse de l'homme était toujours ensommeilée par la cryostase. Il était soulagé, mais néanmoins toujours aux aguets en attente du prochains soucis à régler.

Le premier stop du Forea se trouvait à 1 km à l'est du Diasosi. Le véhicule n'eut aucun soucis à couvrir la distance en question. Aussitôt monté, aussitôt redescendu.

Alex entendu discrétement quelques murmures autour de lui. Certains membres de l'équipages conversaient au sujet des découvertes de Delta concernant l'air environnant. Apparamment, il avait râté l'épisode durant lequel l'IA avait prise en main les analyses et leur avaient fournit un rapport similaire à celui qu'on avaient eut durant le briefing initial sur Terre. Rien de bien nouveau. Les membres de l'équipage pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient avec cette information, ça ne risquait d'avoir aucun impact sur leur mission.

Pour le moment, ils devaient se concentrer sur ces balises CCS qui allaient les aider à se localiser. Quelqu'un allait devoir les mettre en place et cette personne n'allait probablement pas être lui. Encore une fois, Alex ne comptait pas intérferer avec la science.

Quand un cri d'alerte retenti dans ses oreilles, le militaire reconnu instantanément que cet appel était pour lui. Sa main n'hésita pas un instant à se poser sur la poignée de son pistolet, tandis que son regard se pointait au nord, là où le crieur avait remarqué des mouvements suspicieux.

De mémoire, le militaire se rappelle avoir observé des reliefs à basse attitude dans cette direction là. Il était très probable que la brume se déplaçait simplement autour de ces rochers créant une illusion de mouvement. Mais, tant qu'à faire, il allait mener à bout son repérage pendant qu'un spécialiste s'occupait de la balise.

Calmement, il baissa son centre de gravité vers le sol, signalant avec la paume de sa main au crieur qu'il devait se calmer. Le tout, en se déplaçant lentement vers la source de ses ennuis.

- Shh ! S'il y a une bestiole dans les parages, alors la dernière chose qu'on voudra faire est de l'attirer vers nous.

Actions:
- Observer l'horizon.

Le regard toujours pointé vers le nord, le militaire relâcha petit à petit sa posture quand il se rendit compte qu'il n'y avait aucune menace immédiate dans les environs. Il preserva le silence pendant une bonne dizaine de secondes avant de percevoir une voix roque l'interpeller. Cette voix appartenait à un vieux de la vieille de l'ODS, raison pour laquelle il n'eut pas besoin de tourner le visage pour la reconnaître. Le responsable de l'équipe scientifique semblait être excité à l'idée de se retrouver face à face avec la faune de Nephélai. Drôle de réaction pensa-t'il.

- Fausse alerte. Ce n'est que de la brume.

Tout en articulant sa réponse, Alex visualisait déjà la déception du scientifique dans sa tête. Il ne s'était pas encore suffisement frotté à des situations de vie ou de mort à son avis. Mais, c'était là son avis concernant tout les scientifiques, sans exception.

Dans tout les cas, il n'y avait aucune raison pour eux d'aller investiguer les mouvements de la brume quand ceux-ci se situaient aussi loin de leur position actuelle. Cela risquait uniquement de les détourner de leur objectif. Le temps leur était compté après tout.

- Ravencroft. Nous devrions en finir ici au plus vite afin de passer aux deux autres positions.

Avec un peu de chance, quelqu'un avait déjà la balise entre ses mains et allait la mettre en place avant qu'un autre cri d'alerte retentisse.

Tout en jettant de brefs coups d'oeil vers le nord, Alex se rapprocha de Delta dans l'idée de l'interpeller.

- Delta. J'ai une question à te poser... Deux questions, plutôt.

Ménageant son effet, le militaire se tut le temps que l'IA lui réponde.

- Qu'est-ce que le QG a eut à dire au sujet de notre erreur de positionnement lors de notre attérissage ?

Quelqu'un avait bien dû les contacter depuis le temps. Ils avaient passé toute une demi-journée ici après tout. Mais, puisque personne n'avait rien mentionné à ce sujet, alors il était pratiquement certain que la réponse n'allait pas être impactante. Mais, il devait néanmoins l'entendre.

Sans attendre la réponse à sa première question, il enchaina rapidement avec la seconde afin de laisser l'IA les traiter en même temps.

- Deuxième question: que peux-tu me dire au sujet de la direction du vent, ici ?

Quelque part, il était toujours curieux au sujet de ces étranges mouvements. Ils étaient systématique après tout, et la nature était connue pour tout sauf ça. C'était peut-être la respiration d'une bestiole qui s'était terré dans ce large trou qu'il avait remarqué à 1 km de leur position. Mais, en même temps, il y avait également cette bulle d'air qui semblait être impérméable à la brume.

C'était soit une bestiole qui respirait sacrément fort, soit de la ventilation méchanique. Mais, peut-être que la réponse de Delta allait réveler que le vent fonctionnait tout simplement de manière différente ici. Sa combinaison l'empêchait malheureusement de faire le constat par lui-même.

Au final, quelque soit la réponse, il comptait ignorer ce trou pour le moment. Il avait du boulot qui l'attendait.

Actions:
- Interroger Delta

Clément se sentit particulièrement idiot lorsque le spécialiste de l’IA demanda tout simplement à Delta si l’air était respirable. Ils avaient été deux scientifiques à échouer lamentablement en utilisant du matériel pourtant réputé pour être de qualité et c’était un informaticien glorifié qui réussissait à trouver la réponse. Il se consola bien vite en se disant qu’ils étaient une équipe, qu’ils travaillaient ensemble et que le principal était d’avoir l’information, peu importe qui l’avait obtenue.

La seconde bonne nouvelle fut d’apprendre que l’air était respirable. Clément nota mentalement qu’il fallait à tout prix respirer dans son casque de temps à autre, mais il était bien content de ne pas être obligé d’être complètement engoncé dans son casque… comme le militaire qui avait parlé auparavant ? Non, mais pourquoi il retirait pas son casque ? Il devait être littéralement le seul glandu à pas le faire ! C’était ridicule. Le biologiste leva les yeux au ciel, se retenant de lui lancer une pique. D’autant plus qu’il vit que certains membres de l’équipe, d’autres militaires, avaient suspendu leur geste pour finalement décider de faire comme lui. Instinct grégaire ou… ? Oh, se souvint-il brusquement, c’était le responsable d’équipe, non ? Un Pierre… Ou un Alex ? Il y avait un rapport avec une pierre en tout cas. Alex Stone, oui, voilà !

Il sursauta d’un coup en entendant son propre responsable s’adresser à lui. Oups, il s’était encore perdu dans ses pensées. Un peu embarrassé, il lui répondit :

- Oui, bien sûr !

Il y avait aussi moyen qu’ils aient sous-estimés des paramètres dans leurs calculs. Clément penchait plus pour ça, mais il n’osa pas en faire la remarque à son chef. Se faire mal voir dès le début de la mission, c’était peut-être pas une bonne idée. Aussi, il se contenta de lui sourire maladroitement.

Quand ils arrivèrent, Clément se posta près de la balise. Il n’était pas spécialiste en électronique, aussi, il demanda à monsieur mâchoire-carrée-et-physique-de-rêve, alias Gaël Skyline, de l’aider. Bah fallait dire qu’il l’avait remarqué tout de suite, lui, et qu’il avait bien retenu son prénom. Enfin bref, il lui dit :

- Euh… Gaël, tu veux bien m’aider ?

Bon c’était aussi et surtout une manière d’attirer son attention, héhé. Enfin aussi parce qu’il avait pas trop confiance en ses capacités à poser la balise. Et putain, elle pesait son poids ! Il avait l’impression de se trimballer un âne mort. Il essaya de la poser, mais l'un des membres de l'équipage s'écria brusquement qu'il voyait quelque chose au loin. Clément perdit son équilibre sous le choc, se prit les pieds dans l'un des trépieds et manqua de s'éclater contre son voisin le plus proche.

- Oh… Euh… Oups… ? Pardon, pardon !

Bon sang, il n'était pas encore très bien réveillé, lui...

Spoiler:

Et voilà. Pourquoi s'embêter quand on a à porté de main des connaissances bien plus grandes que les siennes ? Gaël garda donc son casque accroché à la ceinture de sa tenue et sorti en observant tout autour de lui. Damned, qu'il aurait aimé être un IA avec des rétines adaptée pour voir le plus loin possible, et surtout, le plus net possible. La brume omniprésente lui donnait un sentiment de dépit, mais l'inconnu et tout ce qu'il y avait à découvrir le rendait hyper énergique. Il parla à son I.A dématérialisée à son poignet

- Hey Adam ! Tu vois un peu ça ! Ah non, tu ne peux pas voir encore ! Tu n'imagines tout ce qu'il pourrait y avoir dehors, dans les airs, sous le sol... Il s'agit d'une plaine bumeuse, on y voit...

Gaël tourna la tête en entendant qu'on l'appelait. Son chef ? Ah non, le mignion petit biologiste. Il l'observa avec de grand yeux. Comment pouvais-t-on avoir du mal à transporter juste un pied et une balise ? Ah ces scientifiques qui ne prennent pas soin d'eux. Cela donnait une mauvaise image de leur branche. Mais bon...Entre scientifique, il faut bien s'entre-aider, contre les molosses qui les abandonneraient peut être en cas de courses poursuite. Quoi que... Et si ils se faisaient porter... Oula, on s'égard ! pensa Gaël et s'activant en direction de Clément.

- J'arrive...

Et à peine fut-il à côté de lui, que presque en simultané, il entendit un bruit qui ressemblait à un cri et recevait Clément dans ses bras. Il fit quelques pas de côtés pour ne pas tomber avec cette nouvelle charge et tenta de le remettre sur pied. Pas très doué le garçon...

Gaël esquissa un sourire en lui prenant la balise des mains.

- Si tu veux bien... merci.

Il fixa le pied sous l'appareil et le planta au sol pour être sûr qu'aucune rafale de vent ou petit choc pourrait la déraciner. Puis il approcha son bracelet de l'appareil et suivi tout simplement les étapes qu'Adam lui indiquait pour mettre en marche l'appareil. Lorsque la balise sembla opérationnelle, Gaël fit un signe à son chef d'équipe et fut tiraillé entre vouloir s'aventurer -juste un peu- pour voir s'il n'y avait rien un peu plus loin ou retourner dans le vaisseau et se mettre à l'analyse des données de toutes les combinaisons, de Delta, bref, de tout ce qu'il était possible pour lui d'analyser, pour en apprendre plus sur tout.
Il se retourna alors vers Alex Stone, qui déclarait à celui ou celle qui avait crié, qu'il n'y avait rien à signaler.
Bon et bien... Ils allaient pouvoir repartir, non ? Son chef était d'ailleurs entrain d'informer les autres chefs de groupe que tout était en place ici...

Spoiler:

Bon là, c’était sûr, il passait pour le boulet de service. Non seulement il n’était pas foutu de réussir correctement une analyse de l’air pourtant simple (enfin accusons plutôt le matériel pour ce coup-là), mais en plus, il se cassait la tronche avec la balise juste dans les bras de Monsieur-mâchoire-de-rêve. Arggg… Il retint un couinement lorsqu’il sentit la pression des doigts de Gaël sur ses bras et se redressa maladroitement, gardant la balise serrée contre lui comme un doudou. Traîtresse, gronda-t-il dans sa tête. Il venait de passer pour le parfait crétin, là, c’était sûr et certain !

Il s’empourpra en souriant nerveusement à Gaël et lui tendit la balise.

- Oui, tiens, je crois que je suis pas encore très bien réveillé… fit-il en riant d'un air gêné.

Et voilà qu’en plus d’être canon, le spécialiste en IA savait tout faire ! Clément soupira doucement parce que pour le coup, il se sentait encore plus stupide et tenta de l’aider… tout en ayant conscience de ne pas être très utile.

Au bout d’un moment, il abandonna la manœuvre et releva le regard en plissant les yeux. Il avait l’impression de voir quelque chose bouger dans la brume et bien qu’Alex dise que ce n’était rien, il n’en était pas persuadé. Il eut se concentrer, il ne vit absolument rien et haussa les épaules en se disant que ce n’était sans doute pas très important. De toute façon, on n’y voyait rien ici ! C’était chiant et il avait envie de passer à autre chose. Il nota avec curiosité les questions qu’Alex posaient, notamment celle sur le vent. Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ?

- La balise est posée, finit-il par annoncer fièrement. Enfin… Grâce à Gaël. On peut avancer si vous le souhaitez !

Ouais parce que lui, il était pas très chaud pour aller s’approcher des mouvements étranges dans la brume. Bizarrement, il avait un truc qui s’appelait « instinct de protection » et qui lui disait que c’était pas une très bonne idée d’aller avancer n’importe comment dans la brume sans savoir à quoi s’attendre…

Spoiler:

Les questions qu'il avait posé à Delta n'avaient absolument aucune importance. En tout cas, avant même de les avoir posées, il était sûr et certain qu'il n'allait obtenir aucune information cruciale lors de cet échange. Pourtant, poser des questions l'aidait énormément dans sa réflexion. Ça faisait partie de son modus operandi. Il envoyait la balle et on la lui rendait. Même s'il ne faisait que tourner autour du pot, cela l'inspirait grandement à atteindre le résultat qu'il désirait.

Écoutant d'une seule oreille les réponses de Delta, le militaire s'était plongé dans ses pensées.

Il l'avait bel et bien vu. Ça avait beau être positionné à 1 km de leur position, il l'avait parfaitement décelé. Cet espace vide qui flottait au-dessus du trou, poussant systématiquement de la brume dans son enceinte. Il n'y avait pas dix mille possibilités quant à sa nature. Ça ne pouvait être qu'une seule chose. Un drone était dissimulé là-bas, juste en face d'eux.

Découlant de cette théorie furent les questions suivantes : qui, comment et pourquoi ? Malheureusement, les réponses à ces questions ne faisaient qu'appuyer l'improbabilité de cette situation. Il n'avait pas assez d'information en main pour poursuivre cette réflexion.

Ainsi, il décida d'ignorer les trois questions principales afin de passer à la seule et unique question qui lui importait à cet instant précis: Était-il suffisamment confiant en son sens de l'observation et en sa théorie pour agir en conséquent ? Bizarrement, l'unique réponse qu'il put atteindre fut le début d'une nouvelle théorie.

La colonie N-101 avait perdu contact avec la terre, le Diasosi avait atterrit dans la mauvaise position et un potentiel drone était en train d'observer leur matériel de localisation. Tout ceci criait un seul mot dans son esprit : sabotage. Lors de son traitement de cette théorie aussi, il comptait ignorer les trois questions principales afin d'immerger sur la question pratique. Était-il suffisamment confiant en sa théorie pour agir en conséquent ?

La question ne se posait même pas. Il avait observé un paterne. Pour le bien de la mission, il était dans l'obligation de le briser.

Il commença à peine à fouiller dans sa tête à la recherche d'un plan d'action quand une voix l'interpella. En tournant la tête, son regard se posa sur le visage d'une brunette qui semblait attendre une réponse de sa part. Malheureusement pour elle, elle avait choisi le mauvais moment pour lui adresser la parole. Son cerveau n'avait même pas encore commencé à traiter les réponses de Delta, alors sa question à elle se retrouvait tout en bas de la liste de ses priorités. Au final, tout ce qu'elle reçut de sa part fut un très très long regard intense, ainsi qu'un grognement.

- Hrrg.

Tout en la fixant du regard, il reprit sa réflexion là où il l'avait mis en pause.

Si drone il y avait, alors sabotage et espionnage étaient tout d'eux des menaces très immédiats pour eux. Et sa deuxième théorie ne laissait guère présager les bienfaits qui pouvaient découler de la présence d'un drone allié. Le groupe aurait définitivement dû positionner la première balise au pied du Diasosi. Ici, ils étaient ouverts de tous les côtés. Mais il fallait croire que ces informaticiens n'étaient pas satisfaits à l'idée de géolocaliser la zone située juste à côté du Diasosi. Trop tard pour se plaindre maintenant. Ils allaient devoir jouer les cartes qui leur avaient été distribuées.

Première étape, éviter tout contact visuel avec le drone. Il était camouflé et trop loin pour l'abattre. Essayer de s'en approcher allait uniquement résulter en sa fuite. Ensuite, il devait protéger la balise jusqu'à ce que les informaticiens arrivent à bout de leurs efforts. Trois militaires devraient être suffisants pour couvrir cette zone. C'était dangereux de les laisser ici, au milieu de nul part et sans couverture, mais il n'avait pas d'autre choix. La bonne nouvelle était que les soldats venaient tout juste de se réveiller d'une sieste de plus de 50 jours, alors une nuit blanche n'allait pas les tuer. Et avec un peu de chance, les deux autres positions seront plus facile à protéger grâce à la couverture offerte par les hauts-reliefs environnants.

Une fois arrivé à bout de sa réflexion, Alex finit par briser le contact visuel avec la brune afin d'appeler trois militaires par leur nom.

- Vous trois allez rester derrière pour garder un œil sur la balise. Cela nous évitera les mauvaises surprises. N'hésitez pas à employer la vision thermique de vos lunettes tactiques afin de voir la faune locale arriver à travers cette brume. Reportez-moi votre statut toutes les demi-heures.

Bien évidemment, il allait éviter de mentionner que leur tâche trouvait son origine dans un mouvement de la brume à 1 km de leur position. Ça n'allait nullement aider sa crédibilité. Pourtant, il l'avait très bien vu ce mouvement.

Actions:
- Jet de persuasion pour ordonner à trois militaires de garder un oeil sur la balise.

Clément ne comprit pas grand-chose des échanges entre Delta et Alex Stone, sinon qu’il avait visiblement dû rater quelques infos à son réveil. En même temps, il fallait avouer qu’il avait pris du temps à émerger et il avait certainement dû ne pas être concentré au moment où il l’aurait fallu.

Haussant les épaules, il se dit qu’il éclaircirait ces points plus tard ou qu’il rattraperait son retard. Il était déjà passé pour un crétin plusieurs fois au cours de leur expédition et s’il commençait à poser des questions évidentes, ça en serait fini de lui. Il remarqua cependant avec soulagement que le médecin de leur équipe semblait être aussi paumée que lui. Ouf !
Il se rapprocha d’elle et chuchota :

- Tu comprends quelque chose à cette histoire de vent ? Non parce que franchement… ça sort un peu de nulle part, non ?

Et les soldats prirent le parti de suivre le plan de leur responsable. Plutôt logique en même temps. Et puis fallait admettre que personne n’avait envie de se séparer. Aussi, Clément trottina pour suivre les autres, les bras chargés de matériel. Il essayait de se rappeler depuis combien de temps ils étaient sortis. Oups… Il avait réglé sa montre, au moins ? Non parce qu’il avait moyen envie de commencer à ressentir les effets secondaires du manque d’oxygène sur la planète. Son esprit divagua et il se demanda si les populations qui vivaient sur les hauteurs pourraient résister à ce manque d’oxygène plus facilement qu’eux. Certainement que oui, l’air était plus rare en haut.

Il était tellement perdu dans ses pensées qu’il manqua de se manger Gaël. Oups ! Il le contourna, faisant mine que tout était parfaitement calculé et que non, il n’avait pas manqué de lui rentrer dedans, puis suivit l’équipe qui se dirigea vers la montagne la plus à l’Ouest. Visiblement, on commençait par celle de gauche. OK, ça lui allait !

Spoiler:

Clément rit nerveusement aux paroles du médecin et se sentit soulagé. Ouf, il n’était pas le seul à se sentir paumé. Lui aussi, il trouvait que c’était un peu exagéré de laisser trois individus près de la balise. Il se sentirait plus en sécurité avec tout le monde autour de lui, de préférence le maximum de soldats. Non parce qu’il doutait sincèrement qu’ils pourraient y faire quoi que ce soit si un danger survenait… Et puis franchement, le but était de laisser les balises sur place. Il comptait faire quoi, après, le Stone ? Laisser trois autres gars sur le haut de chaque montagne ? Ils allaient jamais s’en sortir, hein…

Il hocha donc la tête d’un air entendu aux paroles du médecin. Elle avait un nom qui évoquait la chaleur, pensait-il. Summer ! Oui, Summer quelque chose… Mince, il n’avait pas retenu son nom de famille. Bon, ils avaient l’air de ne pas être trop éloignés en âge et elle ne serait sans doute pas trop guindée s’il l’appelait par son prénom.

- Je suis d’accord avec Summer. Si on se sépare, on risque de s’exposer inutilement à des dangers.

Il rougit un peu en se rendant compte qu’il était tout de même en train de critiquer les décisions du responsable militaire. C’était un peu… idiot, non ? Mais en même temps, il ne pouvait s’empêcher de penser que la doctoresse avait raison.

- On devrait tous rester ensemble à partir de maintenant, conclut-il.

…Et rentrer vite, se retint-il d’ajouter, jetant un regard nerveux vers l’endroit qui avait attiré l’attention de tout le monde. Leur véhicule se mit en marche, se dirigeant vers la montagne qui était le plus à gauche. Il ne pouvait s’empêcher de se sentir soulagé à l’idée de s’éloigner de cet endroit. Il espérait tellement que la mission se déroule sans anicroche…
Dans la voiture, il se tourna vers la jolie brune et lui tendit la main :

- Au fait, moi, c’est Clément d’Arcy. Biologiste. Enchanté ! On peut se tutoyer ?

Spoiler:

Une fois son échange avec les trois militaires conclus, Alex fut de nouveau interpellé par la brunette qui semblait remettre en question son jugement, apuyée cette fois-ci par le support d'un scientifique qu'il avait remarqué aux côté de Ravencroft plus tôt.

- Vous deux. Écoutez-moi attentivement.

Il ne connaissait pas leurs noms et pouvait à peine deviner l'appartenance de l'un d'entre eux. Mais, à ce rythme-là, il n'allait jamais s'en sortir s'il devait justifier chaque mobilisation de ses hommes. Il allait donc devoir faire preuve de persuasion.

- On as besoin que ses balises soient fonctionnelles pour nous géolocaliser sur cette planète. Et ce, non pas pour la durée d'une seconde, mais de toute une demi-journée. Vous pensez que la faune locale va simplement ignorer la balise pendant tout ce temps ? Vous croyez en le père noel aussi ? Débarassez-moi le plancher.

Il finit par tourner le dos au duo afin d'embarquer le Forea. Il n'avait définitivement pas le tempérament pour se faire intérroger au sujet de ses actions en ce moment.

Quelques minutes plus tard, le véhicule se mit en marche en direction de sa prochaine destination: les montagnes à l'ouest. Pendant le trajet, Alex fut accosté par un Ravencroft furtif. Il semblait avoir remarqué que quelque chose clochait dans son comportement. Il était sûrement temps pour le militaire de communiquer ses extrapolations au responsable scientifique.

Mimiquant le tact de son interlocuteur, Alex se mit à chuchoter sa réponse à voix basse :

- Tu pense qu'il y a des chances à ce qu'un drône de la colonie N-101 ce soit égaré jusqu'ici ?

Par 'ici', il voulait bien évidemment parler de là où ils avaient laissés la balise CCS.

- Je suppose que c'est possible. Répondit-il lui même à sa propre question. Nous devrions définitement vérifier ce qu'il y avait derrière cette brûme plus tard. Murmura-t'il avant de fixer des yeux son interlocuteur.

C'était l'option la plus probable à ses yeux. Mais, il n'y avait justement rien à faire à ce sujet pour le moment, raison pour laquelle il avait ignoré cette option. Cependant, il y avait toujours les deux autres possibilités qui manifestaient un danger bien plus imminents.

- C'est juste un mouvement de la brûme au final. Mais, je pense l'avoir vu. Il marque un lourd silence avec sa respiration, pointant l'exterieur du Forea avec son doigt, en direction des montagnes à l'ouest. Si on observe un autre mouvement de la brume là-bas, alors peut-être qu'il y aura une raison de paniquer, mais pas avant.

La deuxième option la plus probable était l'espionnage. Si quelqu'un voulait assouvir sa curiosité concernant le vaisseau qui venait tout juste d'attérir sur leur planète, alors il allait certainement les suivre jusqu'à leur destination. Et, s'ils avaient le malheur de se rapprocher un peu trop prêt d'eux, ils allaient recevoir une très charmante et perforante balle dans leurs intestins mécaniques.

La troisième option quant à elle etait bien trop improbable pour qu'il sache par où commencer à l'expliquer.

- Tu as déjà entendu parlé d'un vaisseau qui attérit aux mauvaises coordonnées ?

Alors là, pour le coup, Clément n’avait pas pu s’empêcher de lever les yeux au ciel. Il savait que provoquer le responsable des militaires était une mauvaise idée, surtout alors qu’ils venaient à peine de débarquer dans leur mission. Il fallait peut-être éviter de se mettre à dos celui qui était en charge de leur protection, mais c’était tout de même le pompon. Le gars se prenait pour le grand chef alors que… mh mh… sa spécialité, c’était quand même de taper sur des trucs. Il était uniquement venu sur la planète pour les protéger !

Et puis le pire, c’était qu’il avait l’impression de parler à un gamin de 12 ans. Il avait jamais vu un type qui maîtrisait aussi peu l’art oratoire. On l’avait prévenu, dans son unité, que les militaires étaient un peu « bruts de décoffrage » et « simples », mais il n’avait pas compris que ça signifiait en réalité « imbus de leur personne » et « simplets ».
Il laissa échapper une petite grimace, se retenant de toutes ses forces de lui en balancer une bonne en plein visage. Il savait que les crétins pleins de muscles comme lui avaient tendance à répondre avec leurs poings et euh… clairement, il faisait pas le poids. En plus, son propre responsable ne semblait pas prêt à prendre au sérieux son rôle de « vrai responsable » et conspirait plutôt avec lui.

Clément grimpa donc pour s’installer près de la doctoresse, enfila son casque un instant pour respirer à pleins poumons de l’oxygène… et se calmer les nerfs au passage, puis se présenta à la jeune femme. Penser à autre chose et sympathiser avec le reste de l’équipage, voilà qui était plus sage, se dit-il.
Les paroles de Summer le firent enrager. C’était pas contre elle, bien évidemment, mais ils étaient censés être une équipe et voilà que les deux zouaves qui leur servaient de responsables n’étaient pas foutus de communiquer des informations certainement importantes. Au lieu de se servir des talents de l’équipe et de chercher à trouver des solutions à un problème, ils chuchotaient bêtement à voix basse.

- Espérons qu'ils soient pas en train de débattre sur qui de nous deux ils iront abandonner près de la prochaine borne, fit-il à Summer, un large sourire taquin sur les lèvres.

Autant prendre ça avec humour. Ou tout du moins essayer. S’il lui disait qu’il trouvait que c’étaient deux crétins qui risquaient plutôt de les mettre en danger que de faire vraiment avancer leur mission, ça risquait de se retourner contre lui. De plus, il fallait l’avouer, il ne pouvait pas faire grand-chose… Il était encore tout jeune, c’était sa première mission et il savait pertinemment que son avis ne serait certainement pas demandé ni même attendu à propos de l’organisation de la mission. Alors, plutôt que de râler comme il en aurait eu l'habitude en temps normal, il préféra faire preuve d'humour.
Il lui répondit ensuite, préférant le changement de sujet :

- J’ai une double spécialité en zoologie et en dendrologie. On m’a proposé de participer à cette mission parce que je pourrais me servir de cette base pour observer la faune et la flore locale.

Son regard se posa sur les beaux yeux bleus de Summer et il se retint de soupirer d’admiration. Avec un aussi joli minois et des compétences comme les siennes, elle devait en faire tourner des têtes. Lui aussi, il aurait bien aimé avoir un regard aussi profond et autant de présence plutôt que cet air constant de chaton effrayé.

- C’est ta première mission ? Qu’est-ce qui t’a motivée à devenir médecin dans des missions comme ça ?

Avec un cursus de médecin, elle aurait pu faire absolument tout et n’importe quoi. Il se demandait ce qui avait convaincu la doctoresse d’aller visiter les étoiles. Était-elle une rêveuse dans l’âme ? Avait-elle des objectifs précis ? Est-ce qu’elle aussi, elle fuyait quelque chose ?
Son regard pétilla de curiosité vers elle. Il se tourna ensuite vers Gaël, assis pas très loin :

- Et toi ? C’est ta première mission ? C’est Gaël, ton nom, non ?

Jouer les innocents, alors qu’on a carrément remarqué le beau gosse dès le départ. Bien joué, Clément, bien joué, se félicita-t-il.

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